The Third est une gazette annuelle, que nous publions lors de notre anniversaire. On y raconte notre histoire, les coulisses de la société et diverses petites choses de notre quotidien dans un ton léger et pas prise de tête. Ce petit journal est aussi notre catalogue (sympa et utile). Nous l'offrons gratuitement dans chaque commande, mais cela dans un temps donné et dans la limite des stocks disponibles.

Pour ceux qui l'auraient raté, nous présenterons ici (sur deux post) le contenu du deuxième numéro du journal The Third.

A demain pour la suite de The Third numéro 2.

Un double anniversaire

— Deux ?

— 2.

— Deux quoi ?

Le numéro 2 de The Third, tout d’abord. Mais aussi deux comme deux ans. Les deux ans de Third Éditions. C’est également le 2 du nombre 20. Vingt, comme vingt ans d’amitié.

Les premières lignes du premier numéro de cette gazette-catalogue, de ces coulisses de Third Éditions débutaient par le récit coloré des débuts dans le métier de Nicolas et Mehdi. Nous ne reviendrons pas sur les prémices de cette aventure ; afin de célébrer comme il se doit ce double anniversaire, nous allons tout de même encore une fois retourner brièvement dans le passé.

1984, la génération miracle, tout ça… vous êtes au courant. Un petit saut dans le temps, et nous voilà en 1991. Pour la première fois, Nico et Mehdi vont se croiser : ils ont le même âge, sept ans, donc. Les fans de numérologie et les matheux remarqueront que rien n’est dû au hasard.

À la lecture du premier The Third, certains d’entre vous ont souri quand nous vous parlions, avec un brin de pudeur, d’une guerre de quartiers. Que les moqueurs ravalent donc leurs vilains rictus, car, ce jour-là, le sang a bien coulé…

Été 1991. Le soleil brûlait encore le bitume du chemin de Rudelle — des hérétiques parlent d’avenue, mais bref… —, alors que déjà il se faisait bien tard, au moins 20 h… Sans une once de peur, le regard ferme, le valeureux Mehdi se risquait à traverser le quartier ennemi. Ni la trajectoire ni les genoux du petit garçon ne tremblaient, alors que les gros durs de la zone encadraient la voie sur toute sa longueur. Les secondes, le vent, les clignements d’œil sous les casquettes, tout, absolument tout se figea à l’instant où un certain Sébastien (le plus âgé des caïds) lança en direction de Mehdi un skateboard (à prononcer comme dans les années 90 : « sk8te »). Hébété par cette attaque sans semonce, l’espiègle (mais non moins dérouté) habitant du chemin de Hurguet ne sut comment réagir. Et la lumière fut — c’est-à-dire une idée jaillit : rassemblant courage et créativité, le garçon décida, sans qu’aujourd’hui encore l’on sache pourquoi, de sauter par-dessus l’objet roulant bien identifié. Précisons que Mehdi enfourchait un BMX (« un vélo », pour les plus jeunes). Étrangement, et le monde s’en étonne encore, la manœuvre échoua. Résultat : des cris, des larmes et, comme nous l’annoncions, du sang coulèrent sur l’asphalte encore tiède. Hormis un genou explosé, ce que l’on retiendra, c’est que c’est ce soir-là que, pour la première fois, Mehdi et Nicolas se rencontrèrent… Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas vrai : nous nous étions déjà croisés, mais de toute évidence le récit eût été moins épique.

Les adorateurs de chiffres et de calculs mentaux que nous avons su agripper quelques lignes plus haut l’auront toutefois relevé : cette fabuleuse histoire se déroule en 1991, soit il y a vingt-six ans et non vingt ! C’est que Nicolas et Mehdi ne sont pas devenus amis-BFF-associés à la première seconde. Il a fallu six ans de plus et une passion commune (le basket) pour sceller à jamais leur amitié. La suite, si vous avez lu le premier numéro de cette gazette, vous la connaissez.

2015… Cette année-là, le public ne nous connaissait pas

Aparté. Cette présentation étant faite, le récit va subir un renversement narratif. Comme dans Mr. Robot ou Deadpool, la dimension « méta » prend maintenant son essor. Car, oui, lecteur, toi qui parcours ce document, sache qu’écrire sur soi à la troisième personne est un exercice aussi déroutant que laborieux. C’est le moment propice de passer à un nous bienvenu.

Pour Third, toujours un peu décalé, l’année 2016 a commencé fin février, avec la publication de notre premier ouvrage : Resident Evil. Des zombis et des hommes. Nous pensions avoir tout prévu. Comme le veut pourtant Murphy, « ce qui peut arriver arrivera ». Et ça n’a pas manqué : à moins de vingt-quatre heures du lancement, nous n’avions toujours pas de service bancaire en ligne… Après que nous avons remué ciel et terre (bref, passé un coup de téléphone), notre site flambant neuf, doté de toutes les fonctionnalités prévues, était en ligne.

Si vous êtes un fidèle lecteur, vous connaissez nos livres, notre rythme de publication, notre façon de faire : tous les mois, nous vous proposons un livre traitant d’une grande saga. L’accent est mis sur les RPG, genre que nous apprécions énormément. Comme suivant un métronome, nous ne nous sommes jamais écartés de ce rythme. L’ambition à l’époque était d’asseoir notre ligne éditoriale. Cette dernière avait vu le jour avec Console Syndrome ; elle a migré chez Pix’n Love, avant de renaître chez Third. Trimbalée de la sorte, cette pauvrette aurait pu perdre de son identité. Voilà pourquoi nous avons fait le choix d’insister sur son importance : cette ligne éditoriale représente nos valeurs, nos fondations. Ces trois piliers, ces trois mots-clefs que nous affichons partout, UniversCréationDécryptage, incarnent la façon dont nous voulons vous parler du jeu vidéo. La genèse des grandes sagas nous intéresse, les anecdotes de développement nous font sourire, mais ce n’est qu’un pan de l’étude d’une œuvre, et nous ne voulons en omettre aucun. Voilà pourquoi le décryptage du gameplay, l’analyse des thématiques ou le traitement du scénario tiennent une place si importante dans nos ouvrages.

Un staaage… bien…

Thomas Bouissaguet, alias Cartapouille, est un ami que nous avions embauché — oui, ça se fait — pour notre site Internet Console Syndrome, voilà de nombreuses années de cela. Si à l’époque de notre rencontre il venait de passer le baccalauréat, il affichera bientôt un joli trois à son compteur d’ancienneté. Mi-2015, ce sémillant éphèbe effectuait chez nous son stage de fin d’études de journalisme. Ce furent trois mois incroyablement efficaces sur le plan du travail… Non, pas du tout !… Carta parle fort, parle souvent. Il aime faire la fête. Il fait la fête fort, et il fait la fête souvent. Entre les parties sur la Wii U — oui, monsieur, nous jouons à Super Smash Bros., même si ce n’est pas un vrai jeu de combat — et les sorties culturelles (La Comtesse et le Four Monkeys en tête), les mois d’avril, mai et juin furent assez usants. En plus de valider son diplôme, Carta profita donc de ce stage pour planter une graine dans nos têtes. Une inception habilement manœuvrée, mais qui ne donna des fruits qu’un an plus tard.

Le coup de pied au départ

Anglophone passionné, Carta ne pense, pour Third, qu’au marché anglais (US et UK) ; d’ailleurs, cet homme ne pense qu’en anglais. Il faut savoir que le titane, les objets garantis à vie et les chapeaux occupent une part importante de son esprit, le reste étant habité par son obsession de « lancer un Kickstarter ». Bien qu’il s’agît d’une solution à laquelle pour diverses raisons nous ne souhaitions pas recourir, procéder à une collecte de fonds pour le marché américain finit par nous sembler une bonne idée, après douze mois de réflexion, donc, pour en être certains. À force de persévérance, Carta avait eu gain de cause : en mai 2016, nous nous lancions dans le montage d’une campagne Kickstarter !

C’est simple, à l’époque nous ne connaissions le financement participatif (crowdfunding) que par procuration : à travers les yeux de nos confrères, par exemple, ou de nos amis de la marque Shelter. Nous ne savions pas vraiment par quoi commencer. Seule certitude, il fallait articuler nos efforts autour de la communication. De fait, nous n’étions personne hors de nos frontières. Réaliser de jolis visuels, des gifs rigolos est une chose, mais nous savions que ce serait sur un élément précis que tout allait se jouer : la vidéo de présentation.

Comme à notre habitude, nous décidons pour cette dernière d’écrire quelque chose de très personnel : une histoire de monde parallèle dans lequel Carta s’adresse aux spectateurs tandis que nous vivons notre vie à la rédac, dans les rues de Toulouse, au café et à la librairie. Il nous aura fallu trois jours de tournage, le soutien d’Anton Vodenitcharov (photographe, monteur professionnel et réalisateur de grand talent !) et quelques nuits presque blanches pour réaliser ce long-métrage de folie de trois minutes et onze secondes. En peu de temps, nous avons beaucoup appris sur la captation d’image : les réglages lumière (Anton s’y montre perfectionniste, ascendant relou), les tournages in situ au milieu des passants (avec des gens très relou), les divers aléas comme les autorisations de filmer, la météo ou la nuit qui tombe (que c’est relou, ça, mais dur de lutter). Ce furent trois jours intenses, drôles et surtout extrêmement instructifs pour nous.

Parés au combat, ayant tout réglé dans les moindres détails (c’est qui, Murphy ?), la date de lancement arrêtée pour fin août, nous avons appuyé sur le bouton « soumettre la campagne » de notre page Kickstarter ! Puis… il ne se passa absolument rien, car nous devions attendre jusqu’à quarante-huit heures la validation par l’équipe du site. Il ne fallut finalement que six heures pour voir notre campagne mise en ligne. Le mois le plus stressant de l’année venait de commencer.

Carta en Belgique, nous à Toulouse, nous avions des horaires de travail tout à fait singuliers. La journée nous bossions sur l’avancée du planning des ouvrages français, et la nuit nous étions sur le pont à l’heure où les USA commencent leur journée. Le début de la campagne fut une réussite : cinquante pour cent de la somme attendue récoltée en quatre jours, soit plus de 50 000 euros. Puis, mais nous ne le savions pas encore, nous avons attaqué une traversée du désert… ce passage quasi obligatoire pour chaque collecte de fonds, où plus rien ne se passe. Heureusement, nous avons eu notre lot de belles surprises quotidiennes : plusieurs « benefactors » (contributeurs ayant versé de jolies sommes) et des annonces dans de grands sites comme IGN ou Kotaku. De sorte que nous avons réussi notre pari en trois semaines. Nous pensions naïvement que la dernière serait plus décontractée. Quelle erreur ! Parce que, évidemment, nous avons alors décidé d’établir plusieurs « stretch goals » (paliers à atteindre au-dessus de la somme attendue initiale), permettant chacun d’ajouter à la liste des traductions prévues un nouvel ouvrage de notre catalogue. Au bout du compte, nous avons récolté 139 296 euros — jetant un voile pudique sur les 704 euros manquants, pour atteindre à l’arraché le deuxième stretch goal. Aux côtés de Final Fantasy VII, de Zelda et de Dark Souls, ces paliers supplémentaires nous ont permis d’inclure Metal Gear Solid et BioShock — deux livres choisis après sondage des lecteurs. La campagne réussie, nous imaginions que le plus dur était passé. Bien au contraire ! Ce n’était que le début. Mais cette histoire, nous vous la raconterons dans le troisième numéro de The Third.

A demain pour la suite de The Third numéro 2.